Nous arrivons à Bogota, capitale colombienne, quasiment tout juste huit mois après notre départ. Nous passerons un mois et demi en Colombie, pays immense qui semble plein de surprises.

Ma maman nous rejoint une bonne semaine après notre arrivée. On avait envisagé de partir directement vers Cali en arrivant à Bogota pour y faire un tour ainsi que dans les villages et désert environnants. Sauf que j’ai un gros coup de mou, de fatigue, de découragement, quelque chose entre tout ça.

Après trois mois et demi en Océanie et trois semaines avec Morgane au Mexique, on avait un peu perdu le mode backpack. L’idée de reprendre la route sacs au dos directement me décourage un peu. Nous décidons donc de nous poser à Bogota en attendant notre prochaine partenaire de voyage (avec un poil d’impatience!).

On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre en arrivant dans cette ville qu’on sait immense et polluée, peut-être un peu insécure. On a quand même une grosse semaine à y passer.

Nous nous trouvons un hôtel dans la Candelaria, la vieille ville de Bogota, et partons découvrir les alentours. Notre première impression est bonne. La ville est assez étonnante, perchée à 2600 mètres de hauteur et malgré cela entourée de montagnes. Il fait gris mais frais et ça, après trois semaines au Mexique, ça n’a pas de prix !

Nous consacrons notre première journée à la Candelaria, ses rues montantes aux maisons colorées, ses murs peints et sa place Bolivar. Petit rappel histoire, Simón Bolívar est un militaire devenu président de la Colombie en 1819. C’est la figure de l’indépendance de la Colombie mais aussi des pays alentours pour lesquels il s’est battu contre la présence espagnole. On se rendra vite compte que des Place Bolivar, il y en a dans toutes les villes.

On fait aussi connaissance avec la nourriture colombienne. Ci-dessous un Tamal (pâte de farine de maïs souvent fourrée de poulet et entourée de feuilles de bananiers) et un Ajiaco (soupe de pommes de terre, maïs et poulet accompagnée de riz et d’avocat). On est directement dans le bain : portions énormes et légumes quasi inexistants, bienvenue en Colombie !

Nous décidons ensuite de nous excentrer un peu et d’aller vers le Nord découvrir les quartiers de Zona Rosa et Chapinero. La règle ici, c’est que plus on va vers le Nord, plus c’est riche, et inversement. On y monte en bus et on y découvre des parcs très agréables. Ce sont des quartiers que Cédric qualifierait de ‘bobos’, avec bars branchés, boutiques de luxe et autres centres commerciaux. Ça change de l’ambiance de la Candelaria, au sein de laquelle on se sent mieux. Après une bonne marche, on décide de rentrer. Nous sommes tentés par l’option bus mais notre carte n’est pas rechargée et les bus sont blindés. Une heure et demi supplémentaire nous attend donc pour retrouver notre hôtel (ça parait toujours plus proche sur une carte).

Pour mieux découvrir la ville, on décide de faire un free walking tour, comme on avait aimé les faire à Melbourne puis Sydney. En arrivant, il n’y a que nous. En papotant un peu avec la charmante jeune femme qui nous guidera dans la ville, nous lui proposons de revenir le lendemain matin (on a du temps nous, pas de soucis!) car il devrait y avoir quelques personnes de plus.

Elle nous fait quelques suggestions pour occuper notre journée. Notamment cette exposition de photos devant laquelle on est passés sans entrer (seulement attirés par la pancarte « Patisseries françaises »…). On y retourne donc pour découvrir le talent de Jesús Abad Colorado. Ce photographe et journaliste s’est placé au cœur des guerillas qui ont dévasté le pays pendant des décennies et dont on ne connait que vaguement l’histoire. Là on découvre l’ampleur de la tragédie, les dates si proches (2002, mais on était presque ados…), l’implication bien malgré elle de la population, leurs déplacements massifs. On en découvre un peu plus sur l’existence des FARCS mais aussi des ELN ou des paramilitaires. C’est bien bouleversés et désireux d’en savoir plus qu’on en ressort.

L’heure du déjeuner nous servira à farfouiller dans notre guide et sur internet, à s’échanger les infos, et à attendre impatiemment le tour du lendemain matin qui devrait nous en apprendre plus.

Pas de déception de ce côté là. Notre guide est diplômée d’histoire politique et passionnante. On est de nouveau seuls et cette fois on ne remet pas à plus tard. On en profite même pour avoir un tour en français, notre guide voulant être traductrice espagnol-français. Parfait pour nous !

On a passé près de 3h30 avec elle, à échanger beaucoup mais aussi à tester certains fruits locaux ou le tejo, jeu local entre pétanque et pétards. C’est difficile de vous faire part de tout ce qu’on a appris. Ce qu’il en ressort c’est que la Colombie a une histoire particulièrement bouleversée entre la colonisation espagnole et les guerillas. L’accord de paix qui a été signé récemment semble également fragile.

En effet, les FARCS ont déposé les armes à condition de ne pas être jugés et d’être aidés à l’intégration de leurs membres, notamment dans la vie politique. De nombreuses manifestations ont lieu régulièrement pour contester cet accord, principalement par des familles de victimes. De plus, les para-militaires existent encore sous un autre nom et des déplacements de population (des fermiers qui se voient contraints de quitter leurs terres sous la menace des armes) existent toujours. Malgré tout, on sent un grand espoir au sein de la population colombienne qui veut vraiment aller de l’avant et on espère de tout notre cœur qu’une paix durable pourra s’installer.

Nous finissons notre première partie de séjour dans la Candelaria par une visite du musée de l’or. C’est un musée immense et qui ne nous a pas vraiment inspiré. Nous y avons découvert de nombreuses pièces en or (qui l’eût cru!) d’une époque incertaine et au sens lui aussi incertain. Ce sont en effet des populations n’ayant pas de système d’écriture qui auraient créé tout ça. On a donc du mal à se projeter dans les différentes hypothèses proposées.

Pour faire une pause un peu différente, nous passons deux nuits en couchsurfing. C’est un système d’hébergement gratuit chez l’habitant. Nous y rencontrons Rafael, chez qui nous logeons, et sa compagne allemande Katerin. L’objectif était de pratiquer l’espagnol. Ce que nous avons fait avec Rafael jusqu’à l’arrivée de Katrin, à partir de laquelle l’anglais a été largement privilégié. Nous y passons deux superbes soirées aux discussions enflammées. Nous profitons également de la proximité du jardin botanique pour aller y faire un tour. C’est un îlot de verdure magnifique, qui nous ferait presque oublié la pollution de la ville dans laquelle il se situe !

Après cette super expérience, nous retrouvons la Candelaria. Nous changeons d’hôtel et c’est une réussite. La pièce commune est magnifique et nous y rencontrons Lucille, qui attend son visa pour aller travailler à Medellín, et Waïl, avec qui nous ferons un bout de chemin en Colombie. Nous reprenons avec eux nos balades en ville et passons de très agréables moments.

Nous avons encore un peu de temps et décidons de faire un tour au musée national. Il est immense, avec trois étages, chacun consacré à une époque où un style. Nous passons du temps principalement aux premier et troisième étages. Dans le premier, nous découvrons un peu des traditions passées et du mode de vie colombien. Dans le troisième, de l’art en tout genre et organisé par époque.

Ce musée nous a vraiment emballé. On s’est dit, en revanche, qu’on aurait dû le faire en plusieurs fois. Un étage à la fois aurait été bénéfique à notre pouvoir de concentration !

Et nous voilà déjà le 13 juin, jour de l’arrivée de la mamá ! Après un peu de temps ensemble pour de chouettes retrouvailles, nous lui laissons le temps de se reposer avant d’attaquer les choses sérieuses. Pas de répit, le lendemain, on monte le Monserrate. C’est ce mont, accessible depuis la ville, qui nous fait monter jusqu’à 3100 mètres pour avoir une vue d’en haut. C’est donc 500 mètres de dénivelé qui nous attendent sur 2 kilomètres de marche. Il y a bien un téléphérique mais on n’a pas peur, on monte à pieds ! Tranquillement mais sûrement, le souffle court, c’est que ça monte sec, on arrive en haut et on voit l’étendue de la ville. On se dit qu’elle serait sûrement plus grande encore si elle n’était pas arrêtée par les montagnes. La pluie finit par nous chasser et nous décide à redescendre en téléphérique (c’est bien aussi!).

Nous profitons également d’être ensemble pour aller découvrir le musée Botero. C’est cet artiste colombien connu pour ses personnages, animaux ou natures mortes tout en rondeur. Il a fait don de nombre de ses œuvres à ce musée en contre-partie de sa gratuité. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais nous, on s’est régalés !

Après une dizaine de jours passés dans cette ville surprenante, nous prenons la route le lendemain afin d’entamer notre découverte de la Colombie. Direction Medellin !

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